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Allan Malheiro

Pêche

Depuis le 23 juin 2016, date du "oui" au referendum  concernant la sortie du Royaume-Uni de l'UE, le Brexit est un sujet au cœur de l'actualité européenne. Après de nombreux rebondissements, le Royaume-Uni a officiellement quitté l'UE depuis le 31 janvier 2020, mais les problèmes ne font que commencer : Bruxelles et Londres devront se mettre d'accord sur un grand nombre de sujets, le gouvernement britannique doit gérer des troubles internes et les perspectives de commerce entre les deux puissances restent floues...

Pêche

Accord : Un accord avait été signé le 24 décembre 2020 et a été précisé le 2 juin 2021 (il doit être signé dans les prochains jours). L'accord prévoit que les pêcheurs européens pourront toujours profiter des eaux britanniques mais devront réduire de 25% leur prise de poissons (avec des précisions pour chaque espèce). Les navires européens doivent également se munir d'une licence prouvant qu'ils péchaient bien dans la zone britannique entre 2012 et 2016.

Enjeux : D'un point de vue économique, la pêche représente

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peu pour le Royaume-Uni (0,1% de son PIB), mais politiquement, elle est très importante car elle permettrait à Boris Johnson de dire que le Royaume-Uni retrouve sa souveraineté. En effet, avec l'UE, les pêcheurs non-britanniques (et surtout français) pouvaient pêcher dans les eaux du Royaume-Uni (celles où il y a le plus de poissons), les prises de pêcheurs européens dans les eaux britanniques représentent près de 650 millions d'euros chaque année (60% des prises dans les eaux britanniques de la Manche sont effectuées par des navires étrangers).

 

Conséquences : Les oppositions entre les pêcheurs français et britanniques se multiplient dans les eaux de la Manche, le dernier exemple en date est celui du déploiement de deux bateaux de la Royal Navy suite à une manifestation de pêcheurs français devant l'île de Jersey (Royaume-Uni). De plus, Londres n'aide pas vraiment à faciliter la situation,  le Royaume-Uni ne respectant pas l'accord qu'il a signé avec l'UE.

Finance

Finance

Accord : Un accord a été conclu le 26 mars entre Londres et les différents pays de l'UE, mais il n'a pas encore été signé et approuvé : de nombreux pays (dont la France) refusant de le signer car Londres ne respecte pas l'accord de pêche.

 

Enjeux :  Les négociations sur les services financiers sont, certes, moins médiatisées car plus complexes et moins importantes politiquement que celles concernant la pêche mais, économiquement, elles sont bien plus importantes : en effet, les services financiers représentent près de 7% du PIB du Royaume-Uni et Londres avec la City est un centre financier très important.

 

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City de Londres : suite au Brexit, Londres a perdu sa position de première place boursière européen-ne au profit d'Amsterdam.

Conséquences :  Suite aux conséquences du Brexit, de nombreuses banques comme JP Morgan, HSBC ou Goldman Sachs ont décidé de délocaliser une partie de leurs locaux vers les principales places boursières du continent (Amsterdam, Francfort, Paris et Milan). Plus de 7500 emplois financiers ont ainsi été perdus et Amsterdam est devenue la première place boursière européenne, devançant Londres et sa célèbre City.

Commerce

Commerce

Accord : Un accord de commerce appelé "accord de commerce et de coopération UE-GB" a été conclu entre les deux parties et est entré en vigueur le 1er janvier.

Cet accord établit une absence de droits de douane (taxes payées lors de l'importation d'un produit étranger) et garantit qu'il n'y aura pas de limitation des flux (l'UE et le Royaume-Uni ne peuvent donc pas limiter leurs importations en imposant un seuil maximum), des contrôles douaniers seront cependant effectués (ils sont déjà effectués dans l'UE et seront effectués au Royaume-Uni en 2022). Afin d'éviter une concurrence déloyale, il est prévu que les deux parties ne devront pas trop régresser sur leurs lois sociales et environnementales.

 

Enjeux : 53% des importations et 47% des exportations du Royaume-Uni sont faites avec l'Union Européenne. Le commerce entre ces deux puissances a longtemps été facilité avec le marché unique, mais l'instauration de nouvelles barrières commerciales pourrait affaiblir les liens commerciaux entre les deux pays.

 

Conséquences : Malgré l'accord de commerce, les échanges entre le Royaume-Uni et l'UE ont été très impactés par le Brexit : les exportations britanniques vers le continent ont chuté de 59,5% et les importations de 27,4% entre janvier et mars 2020. Même si le Covid a aussi joué un rôle dans cette chute, le Brexit en est la cause principale.

Londres tente donc de se tourner vers d'autres partenaires commerciaux et est donc en train de conclure de nombreux accords de libre-échange avec des pays non-européens, notamment les membres du Commonwealth (Australie, Nouvelle-Zélande, Inde...).

Ressortissants

Ressortissants

Accord : Pour les citoyens britanniques dans l'UE, pour le cas français, une période de transition était en cours jusqu'au 31 décembre 2020. Entre le 1 janvier et le 30 septembre 2021, ils devront obtenir un titre de séjour ou un document de circulation. Ensuite, la période de transition prendra fin et les citoyens britanniques devront se munir d'un passeport et d'un titre de séjour (s'ils résident en France) ou d'un document de circulation (s'ils arrivent en France). Évidemment, ils ne pourront pas voter aux élections européennes et municipales car ils n'auront plus la citoyenneté européenne. La situation des citoyens européens au Royaume-Uni est plus ou moins similaire.

 

Enjeux : Plus de 3 millions de citoyens européens sont installés au Royaume-Uni et plus d'un million de citoyens britanniques sont installés dans l'UE. La situation de ces personnes est donc très importante pour les pays de l'UE et le Royaume-Uni.

 

Conséquences : Les tensions entre les deux puissances montent à ce sujet : l'Union Européenne a exhorté le Royaume-Uni à "respecte[r] les droits de [ses] citoyens". En effet, Londres a refusé de faire entrer des citoyens européens sur son sol, certains ayant même été considérés comme migrants clandestins et emprisonnés pendant quelques jours. Londres a assoupli ses règles concernant les citoyens européens, mais cela reste insuffisant pour l'UE. Enfin, de nombreux ressortissants britanniques et européens ont quitté leurs pays d'accueil.

Écosse

Écosse

C'est peu dire que l'Écosse n'est pas vraiment emballée par l'idée du Brexit : près de 62% des écossais ont voté pour rester dans l'UE... Les relations entre Londres et Édimbourg (capitale de l'Écosse) sont donc plutôt orageuses. En effet, l'Écosse dispose d'une certaine autonomie et a donc son parlement et son propre Premier Ministre. Or, il se trouve que la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, ainsi que le Parlement écossais (où son parti et ses alliés possèdent la majorité des sièges) souhaitent que l'Écosse quitte le Royaume-Uni et demande un nouveau referendum sur l'indépendance. Boris Johnson rétorque qu'un referendum sur l'indépendance a déjà été organisé en 2014, mais le gouvernement écossais lui répond que la situation a changé depuis la sortie de l'Union européenne. L'opinion publique écossaise reste divisée : 50% des écossais veulent ce referendum, mais la part des écossais voulant l'indépendance a progressé par rapport au précédent referendum (44,7%).

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Nicola Sturgeon, première ministre écossaise

Irlande du Nord

Irlande du Nord

Tout comme les Ecossais, les Nord-Irlandais ne sont pas le plus grand soutien du Brexit : 56% d'entre eux ont voté contre en 2016. Un "non" moins important qu'en Écosse, mais tout aussi problématique car il fait ressortir un conflit traumatisant pour le pays : le conflit Nord-irlandais (ou "Troubles") .

En effet, ce conflit qui a vu s'affronter les unionistes et loyalistes (partisans de l'union entre l'Irlande et le Royaume-Uni, majoritairement protestants) et les républicains et nationalistes (partisans de l'indépendance de l'Irlande du Nord et d'une union avec l'Irlande, majoritairement catholiques) a duré près de 30 ans et n'a cessé qu'avec l'accord du Vendredi-Saint de 1998 qui reconnaît une certaine autonomie à l'Irlande du Nord.

Le Brexit vient fragiliser cette trêve : en effet, suite au Brexit, une frontière commerciale (contrôles douaniers) a été instaurée.

Panneaux de protestation contre le Brexit

en Irlande du Nord

entre le Royaume-Uni et l'Irlande du Nord afin d'éviter d'avoir une frontière physique avec l'Irlande. Les unionistes se sentent donc trahis car cette frontière affaiblit les liens entre Londres et Belfast (capitale de l'Irlande du Nord). Les tensions se multiplient donc et des affrontements ont déjà commencé entre les différentes communautés nord-irlandaises (même si on est encore loin du climat de guerre civile des "Troubles", les tensions sont au plus haut depuis l'accord du Vendredi Saint). De plus, près de 51% des Irlandais ainsi que de nombreuses personnalités politiques demandent également un referendum sur la sortie de l'Irlande du Nord de l'union. Affaire à suivre...

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Vaccins

Dernier sujet en date de tensions avec le Royaume-Uni : la gestion de la pandémie et la distribution des vaccins. Alors que la gestion de la pandémie par le gouvernement britannique a été considérée comme désastreuse au départ (Boris Johnson a refusé d'appliquer des mesures sanitaires avant de se faire hospitaliser suite à sa négligence et de commencer à se soucier de la pandémie, et le Royaume-Uni est le pays européen le plus touché par la pandémie avec près de 125 000 morts, il est le 5ème pays le plus touché dans le monde alors que la France est 8ème et l'Allemagne, 9ème),la campagne de vaccination a cepen-

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dant été bien plus efficace que dans les autres pays européens (le Royaume-Uni est le 2ème pays européens le plus en avance sur la vaccination avec 56,6% de la population adulte vaccinée contre l'Allemagne, qui est 16ème du classement avec 30,7% et la France, qui est 23ème avec 26,3%). D'où les tensions avec l'UE : si le Royaume-Uni gère mieux sa campagne de vaccination que le continent, ça pourrait être un argument de poids pour dire que le Royaume-Uni se débrouille mieux seul que lorsqu'il était membre de l'Union européenne. D'autant que l'attitude de Londres fait grincer des dents :  entre le 1 décembre 2020 et le 31 mars 2021, l'UE a exporté 77 millions de doses de vaccins vers 33 pays (près de 50% de sa production) contre... 0 pour le Royaume-Uni (qui ne prévoit pas d'en exporter avant que toute sa population soit vaccinée) qui n'a d'ailleurs pas hésité à accueillir les 21 millions de doses exportée par le continent. Au total, 3/4 des doses de vaccins administrées par le Royaume-Uni en mars 2021 venaient de pays étrangers (l'UE et l'Inde notamment), mais AstraZeneca, entreprise pharmaceutique britannique, elle, n'honore pas ses engagements envers l'UE car elle n'a fourni qu'un tiers des doses promises (même s'il est vrai qu'elle n'honore pas non plus ses engagements envers les clients britanniques). Lasse, l'UE a donc décidé le 24 mars de limiter ses exportations de vaccins, en particulier vers le Royaume-Uni. La saga du Brexit n'est décidément pas terminée...

3 septembre 2020
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